Résumé :
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"Ce sont des instants qui appartiennent encore presque au présent, pour mieux dire à l’histoire immédiate. Un champ de bataille urbain, avec ses guerriers, ses bourreaux, ses victimes. L’accès de violence achevé, on comptera les morts – 39 corps, très exactement, et des centaines de blessés. Autour d’eux des pleurs, de l’incompréhension, de l’incrédulité. Du désarroi. De l’hébétude. Ce champ de déshonneur est le stade du Heysel, en ce jour de mai 1985 où, à Bruxelles, en marge d’une finale de Coupe d’Europe opposant la Juventus de Turin au club de Liverpool, survint le désastre : une flambée de violence dans les tribunes, des insultes et des coups, un mouvement de panique, des personnes piétinées, d’autres étouffées par la foule. C’est au cœur de cette « nuit du Heysel », dans ce chaos de larmes et de douleurs, que Laurent Mauvignier a choisi d’ancrer Dans la foule, s’inscrivant ainsi de plain-pied dans le réel le plus trivial, le plus concret, le plus véhément qui soit. Ce faisant, l’écrivain, pourtant, ne quitte pas cette sphère intime, cette intériorité dans laquelle on a pris l’habitude de le voir évoluer : Dans la foule est un superbe et puissant huis clos de voix, une chorale de monologues intérieurs singuliers qui, ensemble, et de façon prégnante, tissent le récit de ces instants de débâcle, en sondent l’absurde et sourde et inintelligible violence. Ils sont quelques-uns, sur lesquels se focalise le romancier : Jeff et Tonino, vaguement voyous, pas bien méchants au fond, arrivés du nord de la France ; le paisible Geoff, débarqué de Liverpool avec ses frères ; Francesco et Tana, ces deux-là venus d’Italie, en voyage de noces ; Gabriel et Virginie, qui, eux, vivent à Bruxelles, et sont empêchés bien malgré eux d’accéder au stade… Tous ont à peu près 30 ans, et leurs chemins vont se croiser en cette journée, en cette ville." Télérama
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